Lou Grand ou le Préfet du Maquis

D'instituteur à maquisard

Né le 2 février 1913 à Magnac-Laval en Haute-Vienne et mort le 27 octobre 2005 à Troyes, Georges Guingouin a été un résistant et un militant communiste français jusqu’en 1952.

Il jouera un rôle de premier plan dans la Résistance, en dirigeant le maquis de la montagne limousine sous le nom de « Raoul ». Ses camarades le surnommaient « lou Grand » ou le « Préfet du Maquis ».

Instituteur et secrétaire de la mairie de Saint-Gilles-les-Forêts, le village que vous apercevez au loin face à vous, Georges Guingouin est mobilisé en 1939. Il est affecté au secrétariat de son régiment, à Rethel, dans les Ardennes. En juin 1940, son régiment est replié. Lors d'un bombardement le 16 juin 1940, Georges Guingouin est blessé à la tête et hospitalisé à Moulins d'où il s'enfuit le 18 juin pour ne pas être fait prisonnier par les Allemands.

Il revient alors fin juin 1940 à Saint-Gilles-les-Forêts et prend contact dès juillet avec certains de ses camarades communistes. Début août, il édite un appel explicatif destiné aux militants. À la rentrée scolaire de septembre, il reprend son poste d'instituteur, mais en est révoqué en octobre 1940.

En 1941, recherché par la police après avoir établi de faux papiers d’identité pour des responsables du Parti communiste, il doit désormais vivre hors la loi.

En effet, Georges Guingouin, qui détient les cachets de la mairie, leur établit de « vrais » faux-papiers.

Il recopie également des Humanités ou écrit des textes pour contrer la propagande du régime instauré par le Maréchal Pétain qui collabore avec l'occupant nazi. A la tête d’une imprimerie clandestine, il imprime jusqu'à 1200 exemplaires par semaine, distribués par des militants à la population lors des foires. En même temps, il recherche des armes : fusils laissés lors de la Débâcle ou fusils de chasse. 

La lutte armée

En 1942, alors que les allemands occupent la France entière, il décide de recourir à la lutte armée avec une équipe de résistants. C’est dans la mine de « Puy les Vignes » qu’il va se procurer des explosifs qui serviront à la destruction du matériel agricole et des infrastructures ferroviaires.

En 1943, Georges Guingouin, opposé ouvertement à l’autorité de Vichy, prend des arrêtés pour fixer les prix des produits agricoles de manière à empêcher le marché noir et la vente aux Allemands. Ces arrêtés sont signés Le Préfet du maquis : Georges Guingouin.

Le pain blanc était revenu sur les tables et les paysans reconnaissants disaient : "Que lo Maquis qui nous baillen lou po blanc."

C’est en effet parmi les agriculteurs qu’il recrute le gros de ses troupes, lui assurant protection et soutien logistique permanent.

Le Service du Travail Obligatoire (STO), institué par le Régime de Vichy début 1943, oblige les jeunes dès 20 ans à partir travailler en Allemagne. Ceux qui refusent doivent se cacher et certains vont ainsi rejoindre Georges Guingouin, déjà clandestin. Commencent alors des actions nuisant au transport des appelés en Allemagne.

C'est ainsi que naît, autour de Georges Guingouin, le maquis dans le massif de la forêt de Châteauneuf-la-Forêt.

Fin juin 1944, Georges Guingouin, nommé chef départemental des Francs-Tireurs et Partisans Français puis chef des Forces Françaises de l'Intérieur de la Haute-Vienne. En juillet il mène les combats sur le Mont-Gargan, puis en août, ceux de l’encerclement de Limoges aux termes desquels le Général Gleiniger se rendra sans condition.

Le 21 août vers 20h, les Résistants entrent à Limoges par la route de Toulouse, acclamés par la foule en liesse.

 L'un des 1038 Compagnons de la Libération 

Georges Guingouin est l'une des 1038 personnes qui ont été nommées « Compagnons de la Libération » par le général de Gaulle.

Élu maire de Limoges de 1945 à 1947, il reprend ensuite son métier d'instituteur dans l'Aube. Lieutenant-colonel honoraire, il prend sa retraite en 1968. Georges Guingouin est décédé le 27 octobre 2005 à Troyes. Il est inhumé au cimetière de Saint-Gilles-les-Forêts, sa tombe faisant ainsi face au Mont Gargan.

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