L’allée qui permet d’accéder au sommet du Mont Gargan depuis le parking est constituée d’une soixantaine de hêtres formant une voûte végétale. Ce double alignement a été planté par l’abbé Joyeux à la fin du XIXème siècle pour procurer ombre et protection contre vent et pluie aux pèlerins qui se rendaient à la chapelle pour les fêtes de l’Assomption le 15 août et de la Nativité le 8 septembre.
Ces arbres centenaires au port majestueux présentent une silhouette trapue au tronc court et des branches basses très étalées, caractéristiques d’une croissance en milieu ouvert. Comme beaucoup de vieux arbres ils sont des supports essentiels à la biodiversité. Ce sont de vrais hôtels-restaurants pour les pics (noir, épeiche et épeichette) qui y creusent des loges pour élever leurs petits et qui se nourrissent des larves d’insectes cachées sous les écorces. Ces vieux arbres sont aussi primordiaux pour les chauves-souris (barbastelles, noctules, oreillards et autres murins) qui trouvent dans les trous, fissures et écorces décollées des gites pour se reproduire ou passer l’hiver, et qui chassent les insectes qui se nourrissent des hêtres. En effet, tout un cortège d’insectes dépendent des hêtres pour se nourrir ou s’abriter : chenilles de papillons, abeilles et divers coléoptères, en particulier les saproxyliques qui consomment le bois mort. Ces vieux arbres sont aussi le support de nombreux champignons : Oudemansiella mucida (beau champignon blanc translucide qui ne pousse que sur les hêtres) ou encore les amadouviers, dont le gros Fomes fomentarius (en forme de pied d’éléphant) qui était utilisé autrefois pour faire de la poudre à briquet ou pour allumer le feu. Tout ce cortège foisonnant de vie participe à la dégradation des vieux arbres en humus, substrat nourricier de la forêt.
Aujourd’hui, à cause de leur âge avancé, les hêtres bénéficient d’une attention particulière et d’un suivi sanitaire permettant d’anticiper les éventuelles agressions de champignons sur les sujets les moins vigoureux et de mener des campagnes d’élagage et d’entretien lorsque l’état sanitaire de l’arbre le nécessite.
Dans un contexte de changement climatique (les hêtres ont besoin d’une hygrométrie élevée), le diagnostic phytosanitaire réalisé en juillet 2022 a mis en évidence une réelle fragilité de certains arbres :
- 3 sujets sont dépérissants alors qu’ils ne l’étaient pas lors du précédent diagnostic en 2018. Leur espérance de maintien à court terme est menacée (quelques années maximum).
- 11 arbres ont une espérance de maintien à moyen terme (15 à 20 ans) et 43 à long terme (plusieurs décennies).
Aussi, afin de protéger ces hêtres centenaires dont la majorité présente un avenir relativement important, un pavage en opus incertum a été préconisé, validé en Commission départementale de la nature, des paysages et des sites (CDNPS) et réalisé au printemps 2024.
Ces aménagements permettent de lutter contre l’érosion des sols et protéger les racines.