CULTURE Dessiner, toujours “Parce que le métier de dessinateur de presse est le plus proche du métier de journaliste ”, sa passion et son talent pour le dessin – il dessine à deux mains ! – l’ont conduit à l’école de journalisme de la Faculté de Lettres de Damas en 1991. “ Mon premier article traitait de la corruption dans le milieu économique en Syrie ”, détaille celui qui en 2007, réalise la première caricature du Premier ministre syrien dans le quotidien officiel Al-Thawra. À partir de 2011, la répression féroce exercée par le régime vient décimer près d’une cinquantaine de personnes de son entourage familial et professionnel. “ Mon ami, le dessinateur de presse Akram Raslan, est mort sous la torture pour un dessin de Bachar. J’ai choisi de quitter mon pays pour parler, pour exprimer ce qui se passait là-bas. Je ne pouvais plus travailler muselé ! ” Soutenu par Reporters sans frontières pour l’obtention de son visa au Caire, Ali Hamra rejoint la France en 2014 avec sa famille. France terre d’asile leur propose un appartement à Limoges. Il rencontre l’équipe du Salon de l’humour de SaintJust-le-Martel, des liens se tissent avec les dessinateurs de “Cartooning for Peace” et “France Cartoon”, associations dont il est membre. “ Je suis arrivé en France pour la liberté d’expression ! Sans cela, les idées, la pensée meurent ! Je dessine pour ouvrir à la réflexion. ” Professeur de dessin au centre culturel Jean le Bail à Limoges, il intervient aussi en établissements scolaires. “ Je rencontre beaucoup d’élèves qui n’ont pas conscience de la fragilité de la liberté d’expression parce qu’elle existe de fait en France. Je leur explique en quoi elle est si précieuse et à défendre absolument ! ” Partie prenante de l’évènement commémoratif des attentats contre Charlie Hebdo, La liberté d’un trait *, le dessinateur précise “ Pour moi Charlie, a été un séisme. J’ai participé aux manifestations, mais au début je n’arrivais pas à dessiner. Le dessin de presse, c’est un choix et une responsabilité. Ces évènements ont mis en exergue la très grande puissance de portée de nos crayons. Je ne suis pas d’accord avec certains dessins de Charlie, mais je serai toujours aux côtés du droit à la libre expression. Je me suis dit, je suis dessinateur de presse, je continue, malgré la difficulté de l’exil ! Jusqu’à maintenant, je résiste ! ” • Dessinateur de presse, caricaturiste, journaliste et auteur syrien, Ali Hamra poursuit depuis 2014 en Haute-Vienne son combat pour la liberté d’expression. Plusieurs semaines après la chute de Bachar al-Assad, dix ans après les attentats de Charlie Hebdo, l’occasion d’un échange vient nous rappeler que la liberté n’a pas de prix et qu’elle est toujours à défendre. 1991 : débute ses études de journalisme à Damas 1999 : pigiste et dessinateur de presse au quotidien Tishreen 2006-2012 : journaliste, chef du département économie du quotidien Al-Watan, dessins d’actualité pour la télévision syrienne, caricatures dans le journal d’État Al-Thawra notamment Novembre 2012 : quitte la Syrie pour l’Égypte 31 juillet 2014 : arrivée en France puis installation en Haute-Vienne 2017 : publie La Syrie tous complices… (Y.I.L. Editions) + d’infos alimoges.my.canva.site et retrouvez son dessin en page 2. * Organisé par le Département de la HauteVienne et le Centre international de la caricature et du dessin de presse de SaintJust-le-Martel en janvier dernier PARTAGE 18
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